1er mars
Le vent s’est levé en fin de nuit, couplé à une baisse du baromètre et un radoucissement qui ne me disent rien de bon. Bref ce matin, je ne sais pas trop à quelle sauce je vais être mangé. Dans le doute, je prépare déjà un petit déjeuner lyophilisé que je déguste le nez en l’air, tentant en pure perte, de comprendre comment les choses ont prévues de s’enchaîner là-haut. La tempête semble finalement me laisser tranquille. Je remballe tout et à 08h15, je sors de mon petit bosquet. En route !
A l’image de la veille, je longe la côte dans les traces des bovins sauvages. Le terrain est humide, se transforme en bourbier dès qu’il n’est pas en pente et est mangé par les bosquets à la moindre ravine. Mais la leçon de la veille a été mémorisée. Je suis beaucoup plus prudent dans mes trajectoires et accomplis désormais de longues reconnaissances sans sac avant de me lancer. Hors de question de m’épuiser à moins d’un kilomètre/heure alors qu’en passant à 20 mètres d’où me guident « Instinct » et « Coup de bol » (les deux amis imaginaires qui m’accompagnent), je peux doubler ma vitesse.
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Et oui, une plage !! |
Après une heure de progression,
je parviens à une très belle plage de sable jaune vif. La bien nommée Playa Dorada avait enchanté mes
prédécesseurs et je ne résiste pas mieux à ses charmes. Après des jours de
tourbières, de boue et de caillasses, quel plaisir de marcher sur le sable du
plus beau spot pour poser un transat au bout du monde.
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Playa Dorada !!! |
Pour remplacer le vent, le soleil
à l’heureuse idée de faire son apparition alors que je quitte la plage et de me
réchauffer tout l’après midi. Les criques se succèdent et sous ce beau temps,
l’iode et les rochers mangés de lichen donnent parfois un air de côte bretonne.
Seul le vol des albatros à l’embouchure du canal de Beagle rappelle le
changement d’hémisphère.
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Colline, ravine, colline.... En me retournant je ne regrette pas d'avoir oublié de compter |
Dans l’après midi, les monts
Campana, Atocha et Pyramide apparaissent à l’horizon. Malheureusement un
nouveau relief apparaît à chaque fois que j’en dépasse un et le phare San
Gonzalo, marquant l’entrée en baie Aguirre, reste invisible.
Le bivouac du soir se fait d’ailleurs
un peu attendre mais je finis par déboucher sur une très belle petite plage de
galets, de bois flottés… et malheureusement de tout un bric à brac plastifié. Vous vous rêvez en aventurier découvrant le dernier
rivage inexploré de la planète ? Ne soyez pas si prétentieux. Une bouée, une cagette de
poisson ou la semelle d’une godasse s’en sont déjà chargées.
Une averse sortie de nulle part vient brutalement accompagner le montage de la tente et doucher l’insouciante sérénité qu’un après midi de soleil avait générée. Elle ne s’éternise pas fort heureusement et la soirée est très agréable. Après le trou d’eau dans la tourbe de la veille, un ruisseau me comble même de son eau claire et j’en profite pour un bon décrassage avant de me pelotonner dans le duvet.
Le vent est tombé et la météo est
calme. Demain j’espère arriver baie Aguirre, une soirée à l’opposée du
découragement de la veille. Je serais ailleurs, je serais malheureux.
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