22 février
Après une de ces nuits où les rêves se consacrent surtout à faire et refaire le parcours, départ
à 9h d’Ushuaia. Mon ami Gabi s’est très gentiment proposé de faire le chauffeur. Kévin français vivant à Ushuaia, sert quant à lui d’indispensable interprète. En effet, les phrases dépassent parfois 5 mots et 2 mimes.... et c'est toujours lorsqu'il faut faire passer une info essentielle !
Les 3 heures de route se passent sans histoire sur cette
jolie piste "J" longeant le canal de Beagle. En arrivant à la Prefectura de Moat,
je laisse Gabi expliquer le projet aux gardes-côtes. Le fait d’y être déjà
allé, d’avoir un peu d'équipement et 40 jours de vivres permet d’obtenir facilement le feu vert via une confirmation radio de la Prefectura d’Ushuaia.
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Une dernière photo pour la route ! |
13h00 : Après les dernières photos, enfin je pars !! Un peu nerveux
et chargé au-delà du raisonnable mais heureux après ces mois de préparation.
Quelques gouttes apparaissent mais cela ne dure que quelques minutes, histoire
de marquer le départ et me rappeler que la météo sera dorénavant l'une de mes principales préoccupations.
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En s'éloignant de la Prefectura Moat |
Pour ces premières heures le poids du sac m’oblige à faire
de fréquentes et courtes pauses. J’arrive néanmoins en 1 heure à la balise
de Moat et à partir de là c’est plein Est vers le Cap San Diego. Ce sera la
mi-parcours et la sortie de cette très sauvage côte Sud. Si tout va bien, ce
sera dans une vingtaine de jours...
Je retrouve les chevaux sauvages dès le premier petit ruisseau. Ils venaient
sans doute me voir perdre cette anomalie pour un habitant de Mitre : "Avoir des
pieds secs".
Rassurés par ma normalisation, ils reprennent ensuite leur
paisible pâturage.
Vers 16h30, j’aperçois le premier rancho. En mauvais état il y a trois
ans, il paraît avoir été rénové et même agrandi. Enfin c'est du moins ce qu'il semble à une colline de l'objectif.
Une meute de chiens m’accueille lorsque j’arrive à proximité me confirmant qu’il
est effectivement à nouveau occupé. Je reconnais immédiatement l’homme qui sort de la
hutte : Pati Vargas.
Pati, le célèbre puestero de Mitre ! Il m’invite à poser mon
sac au chaud et nous commençons à discuter. « Discuter » est un bien
grand mot car je ne comprends pas grand-chose de son espagnol affiné au grand
air. Après quelques matés, j’ai l’honneur de pouvoir écrire sur la deuxième page
de son carnet de visiteurs. Avant moi un seul paragraphe. Il a été écrit par
Sergio Anselmino (traversée solitaire de Mitre en 2004 et plus récemment expédition EcosistemAmerica)
et, si le vocabulaire est plus riche que le mien, il exprime tout autant
l’admiration que nous avons tout deux pour Pati.
Pendant ce temps, les chiots et 3 ou 4 chatons font les cons
autour du poêle. Instant magique !
La tente est ensuite plantée à proximité du rancho. Le vent ce soir a fraîchi. Après cette rencontre surprise avec Pati, il fallait bien retrouver un peu de normalité...
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Lexique
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Gaucho ou puestero : Pour simplifier, on pourrait traduire par cowboy tant
leur vie rude et solitaire ressemble aux épopées de la conquête de l’ouest.
Sur la côte Sud de la péninsule Mitre, ils sont 2 à vivre de manière permanente
en exerçant le bagualeo (exploitation des bovins sauvages). Les jeunes bovins
sont attrapés au lasso et débités sur place. La viande est ensuite chargée sur
le cheval et troquée à Moat contre des vivres et du matériel. Un nouveau cycle
solitaire commence alors. Ils leur arrivent également de dresser un cheval
sauvage.
Maté : La célèbre infusion argentine. Bu dans une petite calebasse équipée d’une pipette métallique. On verse de l’eau chaude sur le tas d’herbes de Yerba Mate disposé dans la calebasse. On boit, on remplit à nouveau d’eau chaude et l’on passe au voisin. Les argentins en consomment beaucoup.
Prefectura : Base de gardes-côtes. L'Argentine possède un corps spécifique pour la fonction de garde-côtes (à la différence de la France où la fonction est assurée en multi-administrations : Marine Nationale, Affaires Maritimes, gendarmerie...).
Rancho : hutte utilisée par les gauchos comme abri. Equipée d’un poêle
(souvent constitué d’un demi-fut d’où part une cheminée bricolée) ainsi que
d’un ou plusieurs lits.