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samedi 18 avril 2015

Etape 3

24 février


Tempête ce matin pour accompagner la remontée du baromètre. Je temporise donc un peu pour quitter le rancho en me disant que l’on va vers le beau. Malheureusement une heure après, il fait toujours épouvantable sur l’île Nueva et la zone du Cap Horn… et je sais qu’après eux, c’est sur mon nez que tomberont les gouttes.
Deux heures plus tard, la succession de grains violents me confirme que l’amélioration n’est pas pour tout de suite... ou alors le baromètre des 50e hurlants obéit à des règles que je ne maîtrise pas encore...
Je pars finalement un peu avant 11h, les dégelées s’espaçant un peu.... et parce qu'il faut bien y aller.

En s'éloignant du rancho
En 2012, au retour de la reconnaissance effectuée avec un ami en baie Sloggett, nous avions trouvé un raccourci contournant le cap San Pio par les crêtes. Je compte bien le retrouver et l'emprunter à nouveau, histoire de ne pas faire de kilomètres inutiles (des détours, il y en aura bien assez…). C'est ainsi que, pour la première fois du parcours, je m’éloigne de la côte pour les hauteurs. 
La grimpette se déroule assez facilement, la progression étant facilitée par des traces de chevaux bien marquées. Grâce à ces dernières, je parviens même à atteindre et basculer sur le versant Nord, un paradis abrité des rafales. Malheureusement cette voie me fait trop contourner le cap San Pio pour apercevoir le phare. A aller trop vite c’est bien connu, on finit par rater des trucs…
Cependant et pour ceux qui seraient amenés à passer dans le coin, je précise que la vallée que je surplombe depuis le versant Nord vaut également le pti coup d’œil.

Sur les hauteurs...
Arrivé au bout de l’arrête, il faut amorcer la descente et rejoindre la côte pour poursuivre la progression vers l’Est. Là, ça se gâte ! L’intérieur des terres est en effet recouvert de forêts que la végétation dense rend vraiment difficiles à traverser. Évités autant que possible, ces espaces boisés sont un cauchemar pour le marcheur fuégien !
Invariablement, on y stresse de perdre un genou ou une cheville sur ce sol fait d’amoncellement de troncs pourris. On déprime ensuite de s’user pendant des heures sans repère, à essayer de progresser de quelques centaines de mètres. Après quelques chutes, demi-tours et énervements contre des branches, on finit enfin par se persuader qu’il y avait une autre voie forcément très facile et qu’on est vraiment trop nul.

Dans cette première forêt débute ainsi une succession de courtes reconnaissances sans sac, suivies d'une progression chargée, un nouveau dépôt et ainsi de suite. Les bosquets fuégiens sont tellement denses que je marque le sac sur GPS pour parvenir à le retrouver au retour des reconnaissances. Perdre son sac..... la défaite !

:) Revoir le ciel et l'île Nueva !!
Après 1h30 de galère, je revois enfin le ciel, des traces de chevaux et oh joie !!, je suis globalement où j’espérais ressortir : Près de la côte !
Dans la descente à ciel ouvert, je rencontre également les premières tourbières du parcours avant de rejoindre une petite plage de galets. Il y a 3 ans lors de la reconnaissance, j’aimais déjà son style "bout du monde", ça n’a pas changé ;).


Débute ensuite une progression un peu humide mais après le temps perdu dans les bois, au moins là je progresse dans le bon sens.

Premières tourbières.....
Pour cette fin d’après midi, le vent d’ouest reste glacial et les grains ne semblent toujours pas se lasser de gâcher les éclaircies. Le sac devient lourd et je suis obligé de multiplier les micro-pauses sur cette fin d’étape. Le passage dans les bois a laissé de la fatigue.
Cependant, après un dernier passage de cours d’eau, je retrouve avec bonheur le grand rancho de la côte Sud. Très bien entretenu car principal rancho du puestero Luis (le 2e gaucho de la côte Sud), il offre l’assurance d’un abri à toute épreuve et d'une belle soirée.

Rancho Ibarra

Durant la nuit, les souris font à nouveau la fête, sauf que malheureusement pas de vieux paquet de pâtes pour faire diversion. Je finis par mettre quelques noisettes en évidence, histoire d’assurer ma réserve de liophy. En effet, l’une d’elle à déjà réussi à donner 2 coups de canines dans un sac étanche, pourtant placé en hauteur et loin des cloisons. Je n'arrive pas à comprendre comment elle a réussi l'ascension vers ce sac ! Pour la descente, ce fut beaucoup plus simple....


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Un peu d’histoire
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Pourquoi San Pio ?

Entre 1790 et 1791, la corvette San Pio commandée par le lieutenant de vaisseau Juan José de Elizalde longe les côtes de la Terre de Feu à la recherche de possibles implantations anglaises comme celles aux Malouines. Le cap le plus austral d’Argentine (55° 03’ S / 066° 31’W) reçoit donc le nom du premier bateau à l'avoir reporté. Sa position sera confirmée et précisée par FitzRoy à l'issue du premier voyage exploratoire du Beagle (1826-1830).
Son phare (photo du profil Facebook) date de mars 1919.