07 Décembre
Le soleil est plus matinal que
les taureaux et cela me convient très bien. Grace à la reconnaissance de la
veille, je ne traîne pas trop pour sortir de la zone arborée entourant le rio Bonplan et poursuivre sous le soleil, ma
progression le long des monts Lucio Lopez.
Les pluies ont gorgé le sol d’humidité. Je patauge un peu mais au moins je vois où je vais. Quelques barrages de castors ralentissent à peine ma progression et en fin de mâtinée, l’odeur iodée remplace les effluves de lichen. J’y suis !
Le ciel change lorsque je parviens sur la plage de la baie Aguirre où plusieurs chevaux s’étonnent de ma présence et s’éloignent en soufflant bruyamment. La marée monte et je sais qu’il ne me faut pas trop traîner pour traverser le rio Bonplan.
Grâce au journal de Federico Gargiulo (*) et au point GPS
transmis par Sergio Anselmino,(*), je
trouve facilement le gué, ayant servi à leurs expéditions. A ce niveau d’eau, le rio ne m’oppose aucune difficulté.
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Rio Bonplan, à marée basse. |
A l’intérieur, une grande pièce
en bon état abritant le poêle (fonctionnel), une grande table et une solide réserve de bois.
Cinq petites pièces sont attenantes et plus ou moins dégradées. L’une de celle avec
un bois de lit semble encore suffisamment étanche au vent pour laisser
entrevoir une nuit confortable. Je ne suis pas long à prendre mes aises et
déballer mes affaires avant de ressortir.
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Séchage !! (sur la table, le mythique livre des visiteurs de la baie Aguirre) |
En rentrant dans ma jolie maison,
je fais un tour plus approfondi du propriétaire et trouve les provisions que
l’expédition Gauchos del Mar m’avait
laissées en mars dernier. Ce soir en plus d’un bon feu, j’aurais donc du
maté ! J’ai également de la lecture, puisque les livres de Garguilo et Anselmino tiennent compagnie au grand livre des visiteurs, dont ils
sont les plus importants contributeurs.
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Un peu de lecture... 10 ans après leur aventure, rien n'a bougé ! |
Dormir à l’abri est un vrai
bonheur lorsque l’on entend ce qui se passe de l’autre côté des cloisons de
bois. Je rêve d’ailleurs que je tiens ma tente contre les bourrasques et que la
pluie s’y engouffre… Mais non, ce n’est pas un rêve. Même à l’abri, il pleut !
Je me lève en sursaut et réalise à la lueur de ma frontale que la toiture est percée et qu’un subtil cheminement de goutte à goutte achève sa course pile au-dessus de mon nez. Hasard !
Je me lève en sursaut et réalise à la lueur de ma frontale que la toiture est percée et qu’un subtil cheminement de goutte à goutte achève sa course pile au-dessus de mon nez. Hasard !
Je détourne le bois de lit du filet d’eau, me sèche la tête, change de bonnet et bouchonne ma veste gore tex en un nouvel oreiller de fortune. Je ne risque pas de m’envoler cette nuit et les taureaux ne vont pas me déranger. Alors pas question de laisser trois gouttes me gâcher cette nuit de repos.
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Que les tempêtes sont belles... du bon côté de la fenêtre. |
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En complément
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Photographe naturaliste et
aventurier, Sergio effectue en 2004, la première et unique boucle intégrale et
en solitaire de la Péninsule. Deux livres sur la faune du canal de Beagle et
sur la Terre de Feu en ont été tirés. Il est retourné dans la Péninsule de
nombreuses fois dont la dernière en 2015 comme guide de l’expédition Gauchos del Mar. Effectue en ce moment l'expédition Ecosistem America.
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