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samedi 14 mai 2016

Baie Aguirre.... Enfin !

07 Décembre


Le soleil est plus matinal que les taureaux et cela me convient très bien. Grace à la reconnaissance de la veille, je ne traîne pas trop pour sortir de la zone arborée entourant le rio Bonplan et poursuivre sous le soleil, ma progression le long des monts Lucio Lopez. 


Les pluies ont gorgé le sol d’humidité. Je patauge un peu mais au moins je vois où je vais. Quelques barrages de castors ralentissent à peine ma progression et en fin de mâtinée, l’odeur iodée remplace les effluves de lichen. J’y suis !

Que d'efforts et de chemin parcouru....
..... pour, enfin, fouler le sable de cette plage.











Le ciel change lorsque je parviens sur la plage de la baie Aguirre où plusieurs chevaux s’étonnent de ma présence et s’éloignent en soufflant bruyamment. La marée monte et je sais qu’il ne me faut pas trop traîner pour traverser le rio Bonplan.
Grâce au journal de Federico Gargiulo (*) et au point GPS transmis par Sergio Anselmino,(*), je trouve facilement le gué, ayant servi à leurs expéditions. A ce niveau d’eau, le rio ne m’oppose aucune difficulté.

Rio Bonplan, à marée basse.
Par rapport aux ranchos croisés précédemment, l’ancienne estancia Aguirre est une vraie maison. A l’époque, des jonquilles avaient même été plantées autour et donnent aujourd’hui un air de Pâques à ce début d’été fuégien.
A l’intérieur, une grande pièce en bon état abritant le poêle (fonctionnel), une grande table et une solide réserve de bois. Cinq petites pièces sont attenantes et plus ou moins dégradées. L’une de celle avec un bois de lit semble encore suffisamment étanche au vent pour laisser entrevoir une nuit confortable. Je ne suis pas long à prendre mes aises et déballer mes affaires avant de ressortir.

Séchage !! (sur la table, le mythique livre des visiteurs de la baie Aguirre)
Car si le temps n’annonce rien de bon pour les prochaines heures, je profite néanmoins du sursis pour un bain complet dans le rio Bonplan. En sortant de l’eau, totalement anesthésié, je trouve que la nudité des premiers fuégiens est finalement très bien adaptée car le vent me sèche en moins d’une minute. Je confirme cependant très rapidement qu’il fait encore meilleur, sec ET habillé.
En rentrant dans ma jolie maison, je fais un tour plus approfondi du propriétaire et trouve les provisions que l’expédition Gauchos del Mar m’avait laissées en mars dernier. Ce soir en plus d’un bon feu, j’aurais donc du maté ! J’ai également de la lecture, puisque les livres de Garguilo et Anselmino tiennent compagnie au grand livre des visiteurs, dont ils sont les plus importants contributeurs.  

Un peu de lecture... 10 ans après leur aventure, rien n'a bougé !  
La tempête s’abat en soirée dans la plus pure tradition fuégienne. Violente, glacée.
Dormir à l’abri est un vrai bonheur lorsque l’on entend ce qui se passe de l’autre côté des cloisons de bois. Je rêve d’ailleurs que je tiens ma tente contre les bourrasques et que la pluie s’y engouffre… Mais non, ce n’est pas un rêve. Même à l’abri, il pleut !
Je me lève en sursaut et réalise à la lueur de ma frontale que la toiture est percée et qu’un subtil cheminement de goutte à goutte achève sa course pile au-dessus de mon nez. Hasard !

Je détourne le bois de lit du filet d’eau, me sèche la tête, change de bonnet et bouchonne ma veste gore tex en un nouvel oreiller de fortune. Je ne risque pas de m’envoler cette nuit et les taureaux ne vont pas me déranger. Alors pas question de laisser trois gouttes me gâcher cette nuit de repos.

Que les tempêtes sont belles... du bon côté de la fenêtre. 

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En complément
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* Sergio Anselmino :
Photographe naturaliste et aventurier, Sergio effectue en 2004, la première et unique boucle intégrale et en solitaire de la Péninsule. Deux livres sur la faune du canal de Beagle et sur la Terre de Feu en ont été tirés. Il est retourné dans la Péninsule de nombreuses fois dont la dernière en 2015 comme guide de l’expédition Gauchos del Mar. Effectue en ce moment l'expédition Ecosistem America.






* Federico Gargiulo :
Guide arctique et antarctique ainsi qu’écrivain et éditeur, il effectue en 2005 avec deux amis la même boucle que Sergio (expédition Nomades por Mitre). Le journal de cette aventure est publié sous le titre « Huellas de Fuego" et à été traduit en français "Sentier de feu ». C’est à sa lecture que j’ai projeté d’aller à mon tour découvrir cette région.

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