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vendredi 19 février 2016

La journée débute par un maté....

02 Décembre

... et se termine Rancho Ibarra.
Luis se lève avant cinq heures, rallume le feu et prépare un maté chaud pour saluer l’arrivée du soleil. Ce matin, alors que les discussions reprennent où la fatigue les avaient interrompues, je suis à nouveau le seul à trouver un intérêt à manger. Comment arrivent-ils donc à tenir avec un seul repas par jour ? Je ne le sais toujours pas.

Préparation des chevaux....
... et départ de Luis.











Après avoir chargé le sac de Ramón sur le cheval de bât, Luis se met en route en annonçant qu’aujourd’hui, il fera beau. Cela me conviendrait très bien mais ayant beaucoup de mal à prédire ce qui peut se passer dans le ciel fuégien, je préfère rester prudent devant une telle affirmation.

Un peu de hauteur !
Nous quittons Puerto Rancho un peu plus tard en direction des hauteurs. Plusieurs parties de falaises occupent en effet la côte et nécessitent un contournement. Libéré de son sac, Ramón a retrouvé des jambes et le rythme s’en ressent nettement en dépit d’un dénivelé plus marqué.

Première plage du parcours.
A la mi-journée, nous passons ce que je considère comme la première « plage du bout du monde ». Au pied de collines couvertes de lenga, celle-ci présente en effet les premiers signes de l’atmosphère typique de ce qui caractérisera la suite du parcours : une illustration de l’origine du monde.  Elle est synonyme également de la première traversée de ruisseau. Je suis surpris par la hauteur d’eau. Habituellement, cette entrée en matière ne dépasse pas les chevilles mais cette fois, même les cuisses participent. La grande tourbière qui mène à Rancho Ibarra, ne contribue pas à sécher nos pieds mais cela n’a aucune importance. Ce soir, le poêle saura éliminer toute trace d’humidité.

Nous arrivons vers 15h au rancho Ibarra, principal lieu d’habitation de Luis. La meute d’une douzaine de chiens nous accueille joyeusement. Certains étaient encore des chiots lorsque je les avais vus au mois de mars. Trop jeunes pour jouer les chefs avec des bovins, ils tentent avec nous de se persuader qu’ils en imposent.

Tortas en cours de friture.
Sitôt les sacs posés, c’est tortas fritas et café dans un rancho réchauffé par plusieurs bûches de lenga. Un seau percé pendu à l’une des poutres, de l’eau que le poêle fait fumer, nous profitons à tour de rôle de ce summum de confort qui s’appelle : « Une douche chaude ».

Malgré plusieurs matés, la marmite de pâtes associée à la chaleur du rancho, vient achever nos dernières résistances face à la torpeur qui nous envahit.

Repu et n’ayant plus pour quelques heures, à se préoccuper du ciel, tout le monde se met rapidement dans son duvet. Radio Nacional parvient malgré l’isolement, à crachoter le discours d’adieu de la présidente Cristina Kirchner. La radio est écoutée religieusement. On mesure mal à quel point le cowboy austral s’accroche autant à sa liberté solitaire qu’aux liens le reliant à la communauté humaine.

Fin de journée sur Rancho Ibarra.

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                                                                        Lexique
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Lenga (Nothofagus pumilio: Le hêtre de la Terre de Feu. C'est l'arbre le plus commun dans les étendues sauvages de la péninsule. Poussant dans le sens des vents dominants, son cycle de vie va d'un stade d'arbustes très denses et particulièrement difficiles pour progresser à d'immense troncs couchés sur le sol quelques siècles plus tard ou après des tempêtes particulièrement rudes.

Tortas Fritas (cf. expédition précédente/étape 6, publiée en septembre) : Au pluriel car on en mange jamais qu'une... Eau, farine, sel, graisse animale et levure. Faire frire la pâte obtenue et découpée préalablement en petites portions. Plus calorique que du pain et se conservant plusieurs jours, vous obtenez un aliment transportable qui, accompagné d'un bout de viande et d'une calebasse de maté sera un très fidèle compagnon de voyage.

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